jeudi, novembre 02, 2006

Un mariage monkinois, film ethnologique

Thème : La famille, une institution en évolution.



Sur les pas d'une mariée monkinoise

Un documentaire de Yassine KARAMTI, CNRS, 2005, 27' 44''.

Pour accéder au travail guidé sur la vidéo


1- Dans quel pays a filmé cet ethnologue ?
2- Comment se déroule cette union ? qui choisit ? existe-t-il une dot ? quel est le système de filiation (précisez quels sont les indices qui mettent sur la voie).
3- Le mariage est célébré en plusieurs étapes :
le 1er jour : que se passe-t-il
le deuxième jour ?
le troisième jour ?
le quatrième jour ?
et le cinquième jour ?
4- Construis un schéma qui montre la circulation des biens et celle des personnes entre la résidence des parents de la mariée et celle des parents du marié.
5-Le mariage est-il une affaire privée ?

Pour aller plus loin :
La danse comme vous avez pu le constater occupe une place importante dans la cérémonie du mariage. Mais qu'est ce que danser veut dire ?

"L’expression utilisée « se lever pour aller danser » souligne la focalisation des regards que cet acte implique, et par là la responsabilité qu’amène la décision de danser. Plus précisément, l’acte d’aller danser implique trois actions successives qui sont autant de chances d’attirer l’attention sur soi, et donc de se distinguer du reste des invités assis : se lever, marcher au milieu des tables jusqu’à la piste de danse, danser au centre de l’espace cérémoniel. Ces trois actions, dont le pouvoir d’attraction va croissant au fur et à mesure qu’elles se succèdent, répondent à une mise en scène de soi récurrente et par là ritualisée. Son bon déroulement implique, de la part des acteurs (ce terme prend ici sa signification artistique), un enchaînement sans faille et une vitesse d’exécution mesurée. En effet, toute rupture dans la chaîne provoquée par un incident externe (l’interpellation par un autre invité, le trébuchement…), en déviant la trajectoire vers la piste, ôterait à l’acte toute efficacité et risquerait même de faire « perdre la face » (Goffman 1973 : 64) à l’acteur concerné. Pourquoi cette ritualisation ? Qu’est-ce qui est à l’œuvre lors de ces actions ? En réalité, le simple fait d’attirer sur soi le regard de la communauté est un acte de distinction, et met en jeu sa réputation, car le contrôle de la communauté s’exerce dès lors que l’individu se fait remarquer. Il semble se « donner à voir », l’expression prenant ici tout son sens. En se levant, ce qui constitue le premier des trois temps rituels, il annonce en quelque sorte à la communauté rassemblée son accord pour être jaugé et jugé. Cet acte est d’autant plus fort dans la communauté tunisienne que, comme dans toutes les sociétés maghrébines, c’est l’honneur de sa famille qu’engage l’individu, surtout si celui-ci est du sexe féminin. Cela implique d’ailleurs la nécessité d’évoquer une protection sur la jeune fille qui attirera les regards. « Quelquefois, une jeune fille danse tellement bien que tous les gens la regardent et on a peur qu’elle attrape le mauvais œil, alors on dit : baraka ‘alaîhâ (que Dieu la bénisse) » (S.).
On peut constater que le rituel du « danser », à Tunis, commence dès lors que la danseuse décide de se lever pour accéder à la piste de danse. C’est ce que semble confirmer M., quand on lui demande ce que représente pour elle une bonne danseuse : « Déjà vous voyez si c’est joli, en harmonie avec la musique, si elle a confiance en ses gestes. Mais ça se voit même quand elle se déplace [quand elle marche], si elle a vraiment confiance en ses gestes ça se voit. » La critique qui s’exerce lors de la cérémonie du mariage est très présente, et ne concerne pas seulement les danseurs et danseuses mais l’ensemble des invités, dès lors qu’ils attirent le regard sur eux."

Source : Maud Nicolas, "Ce que danser veut dire" Représentations du corps et des relations de genre dans les rituels de mariage à Tunis, Article in Terrain, n°35, septembre 2000.

Observez une soirée (ou si possible un mariage) qui danse spontanément ? qui ne danse pas ? quelles sont les justifications avancées ? Quelle attitude est adoptée envers ceux/celles qui dansent ?

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